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IKOYI** – Londres (No.15 in The World’s 50 Best)

  • Photo du rédacteur: Florio Anthony
    Florio Anthony
  • 15 août
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 oct.

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Clivant. Épicé. Épuré. Pas qu’un peu.

Il y a trois mois, dans le cadre de mon travail, j’ai eu la chance de dîner chez Ikoyi, à Londres — ce restaurant doublement étoilé au Michelin, récemment propulsé à la 15e place du World’s 50 Best 2025. Et surtout, j’ai eu le privilège d’être accueilli par le chef Jeremy Chan en personne. Avant même de passer à table, j’ai eu droit à un tour du propriétaire et quelques échanges avec Jeremy qui m’a parlé de sa vision, de son approche du goût, de l’équilibre des textures mais surtout du rôle central des épices — ces épices ouest-africaines qu’il magnifie sans jamais tomber dans le folklore. Il m’a aussi montré certaines de ses pépites, comme ce bœuf des Cornouailles, maturé trois mois sur place puis affiné un mois dans la cave du restaurant. Déjà là, on comprend : ici, rien n’est laissé au hasard.

Le choc Ikoyi : on adore ou on déteste

Avant d’y aller, j’avais pris soin de lire pas mal de critiques — et c’est un euphémisme de dire qu’elles sont polarisées. Entre les “escroquerie gastronomique”, “le Michelin ne comprend plus rien” ou “pire repas de ma vie”, et à l’autre extrême, “expérience sensorielle inouïe”, “meilleur repas de ma vie”… Je savais que j’allais entrer dans un champ de tension gastronomique.

Et si on remettait un peu l’église au milieu du village ?

Une esthétique léchée, un décor qui annonce la couleur

Installé dans le très confidentiel 180 Strand, le restaurant a tout d’un écrin contemporain : cuivre patiné, lignes fluides, vaisselle d’orfèvre. On est plus proche de la galerie que du bistrot. C’est sobre, assumé, presque silencieux. Ça prépare le terrain pour une cuisine qui va parler fort.

Une cuisine de contrastes, qui prend des risques

Le menu dégustation est proposé à £350, sans indication de plat. On avance à l’aveugle, mais avec un guide sûr. J’ai retrouvé ce que je cherche souvent dans une grande cuisine : de la tension. Rien n’est tiède ici. Un riz jollof fumé, parfaitement calibré en umami, arrive dans un bol noir fumant, suivi par un turbot vieilli, servi avec un miso d’egusi (graines de melon séchées et fermentées). C’est technique, précis, brutal parfois.

Tout n’est pas parfait (mais tout de même excellent). Un amuse-bouche, combinant bœuf, truite, asperge et orange confite m’a paru "inutilement complexe". Mais c’est le genre de faux pas qu’on pardonne à ceux qui tentent vraiment. Parce que l’intention est claire : bouleverser, provoquer, stimuler.

Pour qui ? Pour ceux qui ont les bases.

Comme dirait Orelsan, “si t’as pas les bases, t’es foutu d’avance.” Ikoyi n’est pas un restaurant qui flatte les attentes. Il casse les repères. Si vous n’êtes pas curieux, si vous aimez savoir ce que vous mangez avant même que ce soit dans l’assiette, ou si le moindre coup de piment vous affole, passez votre chemin.

Mais si vous êtes ouvert, si vous aimez quand la cuisine bouscule plutôt que caresse, alors Ikoyi pourrait bien être un choc. Pas forcément un coup de cœur immédiat — mais une expérience qui vous reste dans la tête. Comme un film que vous n’avez pas tout de suite compris, mais dont l’intelligence vous poursuit plusieurs jours après.

Verdict personnel

Ikoyi, c’est de la cuisine d’auteur, et, pour moi, une grande cuisine d'auteur. Comme tout auteur, Jeremy Chan divise. Il signe une partition puissante, sans chercher à plaire à tout prix. En tant que réal ou photographe, je cherche toujours la narration, le propos. Et ici, le propos est clair : remettre l’épice au centre du récit, sans jamais faire du « food porn » ou du folklore.

Alors oui, ça gratte. Oui, ça pique. Et oui, c’est clivant.Mais c’est surtout un restaurant qu’on n’oublie pas.


 
 
 

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