La Mirande, Florent Pietravalle, narration d’un tournant
- Florio Anthony
- 14 oct.
- 2 min de lecture
Il y a des lieux où le temps se dépose lentement, comme une patine. La Mirande, à Avignon, fait partie de ceux-là. Derrière ses murs chargés d’histoire, Florent Pietravalle a façonné, pendant près d’une décennie, une cuisine vivante, instinctive, profondément connectée à la nature. Une cuisine d’équilibre et de ferveur, guidée par le respect du produit et des artisans.



Lorsque j’ai appris qu’il s’apprêtait à tourner une page – quitter La Mirande le 1ᵉʳ janvier 2026 pour se consacrer à un projet plus personnel –, j’ai eu envie de fixer ce moment de bascule.

Non pas comme un adieu, mais comme une respiration entre deux chapitres.
Ce film, je l’ai pensé comme un murmure. Pas un reportage, ni une simple archive : une traduction visuelle d’un état d’âme. Il ne raconte pas le départ d’un chef, mais le poids des gestes, la poésie des silences, la douceur d’un lieu qui s’apprête à se taire un instant.

Pendant plusieurs jours, j’ai arpenté les cuisines, les couloirs, les jardins, observé la lumière glisser sur le cuivre, la vapeur s’élever des casseroles, les mains se tendre. Il y avait dans l’air cette gravité discrète qu’on ressent avant une séparation. Les mots n’étaient pas nécessaires : tout passait dans le regard de Florent, dans le tempo de ses gestes.
J’ai choisi de filmer en laissant la parole à Florent, de matière brute, réelle. A cela, j'y ai ajouté la magie du lieu, le souffle, le feu, l’eau, le bruit d’un couteau, le murmure d’un service. Laisser l’image parler. Laisser la cuisine devenir une langue.


Le résultat est un portrait en suspension, un instantané d’émotion à la veille d’un départ. Diffusé en écho à l’article de Gault & Millau annonçant ce tournant, le film vient prolonger la lecture par une expérience sensible — celle de la fin d’un cycle, et du début d’un autre.
Pour moi, c’est plus qu’un projet : c’est un témoignage de confiance et de transmission.

Une pièce rare, où chaque plan raconte la fragilité d’un moment qui ne se rejouera plus.
Filmer, c’est garder une trace. Ce film, c’est celle d’un chef qui quitte un lieu,mais laisse derrière lui une empreinte indélébile dans le paysage gastronomique et la région.


Et puis, il y a ce mot, celui qui résonne depuis le premier jour : juste.


Dans cette vidéo, tout sonnait juste. À lire les commentaires depuis sa parution, je me dis que je ne m’étais pas trompé. Bien sûr, il y a la magie du montage — mais tout était vrai. Florent Pietravalle est le même derrière les fourneaux qu’en dehors : une sincérité brute, une précision vertigineuse. Sa cuisine te frappe et, dans le même mouvement, t’apaise. Elle passe par mille nuances, comme une conversation entre passionnés. Il le dit si bien : « Un passionné qui parle à un autre passionné. » Et c’est exactement ce que j’ai vécu sur ce tournage.









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